- Maggio 12, 2021
- 2:58 pm
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Rencontre avec le Dr Thomas Neri et la gymnaste Lorette Charpy
Aujourd’hui, c’est un article un peu particulier que nous vous proposons. En effet, nous avons réalisé une interview croisée du Docteur Thomas Neri (chirurgien orthopédiste) et de Lorette Charpy (gymnaste professionnelle). De la blessure au genou de Lorette à son opération, partez à la rencontre d’une relation pas comme les autres entre une patiente de haut niveau et son chirurgien.
Commençons par le Docteur Thomas Neri.
Il y a un peu plus d’un mois, vous opériez Lorette Charpy. Selon vous, est-ce différent de travailler avec une sportive de haut niveau ? Et pourquoi ?
La prise en charge des sportives de haut niveau est différente pour plusieurs raisons.
Premièrement, le niveau d’attente n’est pas le même. Leur corps est leur outil de travail et leur moyen de réaliser leur objectif. La restauration des capacités physiologiques et biomécaniques de l’athlète est donc indispensable à son maintien à haut niveau. Le geste chirurgical ainsi que la rééducation doivent donc être optimales afin de retrouver le chemin des podiums.
Deuxièmement, l’organisation est plus complexe que pour un patient non sportif professionnel. La décision de recours à la chirurgie nécessite des discussions préliminaires avec le Fédération Nationale/club, les médecins de la Fédération/club, et les entraîneurs. Il existe des impératifs de compétition qu’il est nécessaire de respecter. Pour le cas de Lorette, la décision n’a pas été facile étant donné que la rupture survenait seulement à 4 mois des Jeux Olympiques. Après une discussion collégiale, nous avons décidé ensemble de réaliser l’intervention rapidement afin que Lorette puisse reprendre le haut niveau le plus rapidement possible. En revanche, cela compromettait sa participation aux prochains Jeux Olympiques. L’idée était de privilégier sa carrière à plus long terme et notamment sa participation aux JO de Paris en faisant l’impasse sur les JO de Tokyo.
La 3ème raison est que le geste chirurgical peut être différent. Les contraintes biomécaniques d’un athlète de haut niveau ne sont pas les mêmes qu’un patient non sportif. Elles diffèrent en fonction du type de sport et de l’articulation touchée. En ce qui concerne Lorette, qui présentait une atteinte du ligament croisé antérieur du genou, il était nécessaire de contrôler efficacement les laxités antéro-postérieures et rotatoires. J’ai donc réalisé au bloc opératoire une chirurgie avec un renfort ligamentaire antéro latéral supplémentaire, associé à la reconstruction du ligament croisé antérieur.
La dernière raison est que la rééducation est tout à fait différente. Les athlètes sont très encadrés avec un staff médical et paramédical et des moyens très importants. Pour le cas de Lorette, elle a bénéficié d’une rééducation immédiate avec un kinésithérapeute dédié, une surveillance médicale rapprochée et l’accès à un centre de rééducation spécialisé. Cela lui a permis de continuer de travailler notamment sur le haut du corps afin de ne pas perdre ces acquis. A contrario, au niveau du genou opéré, la plupart du temps il faut plutôt freiner les athlètes qui ont tendance à vouloir aller trop vite. Leur capacité de récupération est le plus souvent au-delà de la normale. Lorette en est le parfait exemple. Ses suites post-opératoires ont été simples avec un délai de récupération très rapide. Le danger est de ne pas respecter le délai d’intégration biologique des greffes ligamentaires. Notre rôle, qui n’est pas des plus agréable, est donc souvent de les limiter.
Le suivi à distance de la rééducation est-il primordial pour assurer le lien entre le professionnel de santé et le patient ?
Le suivi à distance de la rééducation est essentiel. Le suivi doit être régulier, de la phase pré-opératoire à la phase de retour à la compétition. Nous parlons désormais d’approche individualisée de la rééducation. Le critère « temps » n’est pas prédominant et chaque étape franchie est soumise à un contrôle objectif et à des tests spécifiques. En post-opératoire immédiat il est important de revoir régulièrement les patients pour vérifier l’absence de complication.
Ensuite, le suivi passe par des consultations régulières avec le chirurgien et le médecin du sport. Pour nous chirurgiens, il est fondamental d’avoir une interaction directe avec le médecin du sport référent du patient. Le lien avec les kinésithérapeutes et les rééducateurs est également très important. Il permet de suivre l’évolution de la rééducation du patient au plus près. Dans le cas des sportifs de haut niveau le suivi passe également par un dialogue avec les entraîneurs afin d’adapter progressivement le programme de l’entrainement.
Désormais les outils numériques prennent de plus en plus de place. Tout d’abord, la discussion téléphonique a été remplacée par des téléconsultations en visioconférence qui ont l’avantage d’avoir une appréciation visuelle et qui permettent à tous les interlocuteurs de suivre la discussion. Les outils comme les attelles connectées, permettant d’avoir un véritable feedback, constituent également une des nouvelles alternatives au suivi.
Aujourd’hui, quelle place tient les objets connectés dans la rééducation de vos patients ? Selon vous, est-ce une solution efficace pour éduquer le patient et le rendre plus autonome à domicile ?
Les objets connectés dans la rééducation prennent une place de plus en plus importante. Pour ma part, je les utilise surtout depuis le début du confinement de mars 2020. En cette 1ère phase de l’épidémie du COVID-19, l’accès à la rééducation et aux kinésithérapeutes était difficile pour les patients. Grâce aux outils connectés et notamment à l’attelle Ted Orthopedics, cela a permis à mes patients fraîchement opérés d’avoir une rééducation suivie et encadrée. Depuis, j’ai tendance à utiliser de plus en plus ces attelles. Bien évidemment, les premiers motivés sont les patients jeunes qui sont à l’aise avec ces nouveaux outils numériques et technologiques. Nous pouvons toutefois espérer qu’avec l’évolution, de plus en plus de patients âgés seront capables de les utiliser.
Cette solution me semble efficace pour plusieurs raisons. Elle permet au patient d’augmenter le temps de rééducation. Cela permet une rééducation quotidienne, ce qui est rarement réalisable avec un schéma classique de rééducation. Ces attelles permettent également d‘encadrer et d’encourager l’auto rééducation. Cela ne se substitue absolument pas aux soins de rééducations conventionnels réalisés par les kinésithérapeutes. Il s’agit d’un complément permettant de responsabiliser et d’impliquer le patient dans sa rééducation. Le partage des données via l’application dédiée permet au praticien d’avoir un contrôle et un feedback sur cette auto rééducation. Cela permet aux professionnels de santé de guider et de surveiller la rééducation tout en donnant au patient les clés nécessaires à son optimisation.
Après s’être intéressé au chirurgien Thomas Neri, partez à la rencontre de Lorette Charpy, victime d’une rupture du ligament croisé il y a quelques mois.
Tout d’abord, comment se passe votre rééducation ? Quel suivi (médical ou non) a été mis en place pour vous permettre de retrouver votre mobilité ? Comment s’est passée la prise en charge avec le chirurgien Thomas Neri ?
Ma rééducation se déroule très bien, mon genou progresse chaque jour. Une semaine après mon opération j’ai commencé les séances de kiné, je vois donc mon kiné tous les jours. Je suis également suivi par mon médecin du sport que je vois toute les semaines. J’ai déjà eu une visite post-op avec mon chirurgien Thomas Neri et plusieurs rendez-vous téléphonique. Je fais donc chaque jour ma séance avec l’attelle TED ainsi que les exercices prescrits par mon kiné/médecin.
Considérez-vous important de pouvoir vous rééduquer à domicile en plus des séances de kiné réalisées en cabinet ?
Oui j’aime ce travail autonome et cela permet de pouvoir comparer les résultats au fil des jours.
On dit souvent des athlètes de haut niveau qu’ils sont prêts à tout pour pratiquer de nouveau leur discipline et la compétition. Est-ce votre cas ? Et si oui, que mettez-vous en place au quotidien ?
Oui c’est totalement mon cas, les personnes du domaine médical m’entourant sont obligées de me freiner et me surveiller ! Chaque jour, je ne laisse rien au hasard afin d’optimiser mon retour à la compétition, je garde un sérieux quotidien sur tout ce qui est en lien avec mon genou, ma santé. C’est mon outil de travail.
Quels sont vos prochains objectifs personnels à court, moyen et long terme ?
Mes objectifs à court terme sont de bien me remuscler et renforcer tout mon corps puis reprendre les activités petit à petit. Pour le moyen terme ce sont les Championnats du monde en octobre. Pour le long terme ce sont les jeux à Paris en 2024.
Merci au Docteur Thomas Neri ainsi qu’à Lorette Charpy d’avoir pris du temps d’échanger avec nous sur la rééducation à domicile mais également sur la relation sportive de haut niveau et chirurgien.
En espérant revoir rapidement Lorette, nous lui souhaitons beaucoup de courage dans sa rééducation.
Bouger c’est vivre !
La genouillère Ted K-Ortho est un dispositif médical fabriqué par SMARTR, réglementé qui porte, au titre de cette réglementation, le marquage CE. Le dispositif est destiné aux patients souffrant de pathologies traumatologiques, rhumatologiques, orthopédiques ou neurologiques nécessitant de la rééducation du genou. Pour plus d’informations, consultez votre médecin ou kinésithérapeute. Dispositif médical de classe I sous la directive 93/42/CEE et de classe IIA sous le règlement (UE) 2017/745. Lire attentivement la notice. Avril 2021.
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